Avec Aleph Alpha, l’Allemagne croit en ses chances dans la course à l’intelligence artificielle


Jonas Andrulis (à gauche), fondateur d’Aleph Alpha, devant une maquette d’un nouveau campus, à Heilbronn, en Allemagne, le 28 août.

Son crâne glabre lui donne des airs de bonze, ses yeux bleu acier intimident, sa barbe taillée en bouc ajoute à son visage une rectitude géométrique. Son patronyme rime avec ceux des mathématiciens ou des divinités de la Grèce antique dont il s’inspire pour baptiser ses entreprises, toutes liées à l’intelligence artificielle (IA). Jonas Andrulis, 41 ans, est depuis quelques mois l’entrepreneur magnétique qu’on voit sur les couvertures des magazines, celui auprès duquel les politiques aiment être photographiés. Il est l’incarnation de la nouvelle tech allemande, associée à la révolution naissante de l’IA générative. Celle qui, à l’instar d’OpenAI aux Etats-Unis avec ChatGPT, programme des robots conversationnels qui semblent capables d’imiter l’intelligence humaine.

L’entreprise qu’il a fondée en 2019 à Heidelberg (Bade-Wurtemberg), en Allemagne, s’appelle Aleph Alpha. A côté du français Mistral AI, la start-up allemande est considérée comme un des grands espoirs de construire une IA made in Europe. Elle a clôturé, le 7 novembre, une levée de fonds historique : 466 millions d’euros, un financement record pour une start-up allemande, en présence du vice-chancelier allemand, Robert Habeck.

Parmi les investisseurs se trouvent quelques-uns des plus grands noms du capitalisme allemand : les géants Bosch et SAP et la fondation Schwarz, propriétaire du leader européen du discount Lidl. Comme ChatGPT, Aleph Alpha édite un logiciel d’intelligence artificielle à partir de grands modèles de langage, capable de répondre à des questions en exploitant un fonds de données.

La différence est que le service est proposé non au grand public, mais à des entreprises ou à des administrations, avec leurs propres données. « On est la prochaine étape d’une recherche Internet. Je peux l’utiliser partout là où il y a une interaction homme-machine. C’est l’équivalent d’un bon stagiaire, à qui on pourrait demander infiniment des recherches, sur la base des données d’une entreprise », explique Jonas Andrulis sur « OMR », un célèbre podcast consacré à la scène technologique allemande. Aleph Alpha vend déjà son logiciel en tant que service à plusieurs grands groupes. Le modèle leur permet, par exemple, de rédiger des rapports financiers ou de créer des robots conversationnels experts dans le fonctionnement de l’entreprise.

Réduire le risque d’« hallucination »

L’approche de sécurité est l’argument le plus fort de la start-up. Aleph Alpha promet à ses clients la « souveraineté » sur leurs données et une « IA respectueuse des valeurs européennes et des principes fondamentaux de l’Etat de droit ». Contrairement à ChatGPT, le service permet de comprendre le cheminement qu’a fait l’IA pour donner telle ou telle réponse, ce qui réduit le risque d’« hallucination », c’est-à-dire de fausse information.

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Catégorie article Politique

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